Itinérances, mobilités et migrations sont devenues, bien malgré elles mais de plus en plus, des sujets d’étude et d’écritures. Elles peuvent représenter des trajectoires volontaires, consenties ou imposées, individuelles ou collectives. Fréquentes ou exceptionnelles, guidées ou libres, proches ou lointaines, les pérégrinations entraînent parfois un besoin de s’exprimer, de vérifier ses trajectoires, de s’arrêter et se fixer pour un moment, besoin qui ne se résume pas nécessairement par des cartes, par la signalétique ou par de simples signatures. La nécessité de se faire comprendre, d’échanger dans de nouveaux contextes mobilise des apprentissages, des pratiques jusque-là inédites jaillissent de cette mobilité, parfois entremêlées d’anciens usages. Ces ressources graphiques, linguistiques en deviennent extraordinaires par l’écart (Jullien 2016) qu’elles produisent et manifestent d’autres formes de narration « pour que les réalités d’ailleurs s’inscrivent » (Glissant, 1995). Les conduites graphiques individuelles sont parfois reproduites par d’autres individus comme pour manifester une solidarité, un esprit de groupe ou une appartenance culturelle ou sociale en dépit de la séparation et de l’éloignement. Quand le silence clôt les bouches, l’écriture, les motifs et les objets apparaissent souvent comme d’ultimes moyens de communiquer et/ou de faire connaître des situations difficiles ou encore comme les traces de mémoires singulières ou collectives des migrations. Les stratégies ne manquent pas pour exprimer les déplacements voulus ou forcés ou les conditions d’exil, de déracinement voire d’exclusions.

Cet appel à contribution, et dans l’esprit de la revue POLYGRAPHE(S), approches métissées des actes graphiques, a ainsi pour objectif de rassembler des propositions qui s’ancrent à la fois dans la mise en visibilité de récits graphiques d’itinérances, de mobilités et de migrations produits par les acteurs et actrices eux-elles-mêmes, mais aussi dans les manières qui existent de rendre visibles ces récits à partir des méthodes de recherche que les disciplines scientifiques mobilisent. Il est donc attendu des propositions de contribution qui explorent ces deux dimensions, tout en cherchant à favoriser le dialogue entre disciplines.

Thèmes (liste non exhaustive) :

Les déplacements imposés par l’administration : prison, d’une cellule à l’autre, camps de réfugiés, …
Les cartes, celles que les Touaregs tracent chaque soir dans le sable pour préparer le trajet du lendemain, les démarches de cartographies sensibles et narratives

Les carnets de voyages, de route, les entretiens dans lesquels les chercheur·ses retracent et consignent avec les personnes leur parcours, voyage, etc.

La marque d’identités culturelles ou de territoires symboliques par des productions graphiques, les traces laissées par les personnes exilées de leur passage sur les routes, dans une forêt
La circulation de récits dont témoignent les peintures pariétales
Les gravures de bergers (itinérance lors des estives), de militaires
Les peintures/signatures de marins dans les ports
La patrimonialisation des mémoires de la migration

Echéancier :

Réception des propositions à contribution : 10 février 2022
Retour aux auteurs : 10 mars 2022
Réception des articles : 15 juin 2022
Pour une parution au 1er semestre 2023