Polygraphe(s) n°2

Etienne Yver

Né à Caen, en Normandie, Étienne Yver vit et travaille principalement à Paris. Il est peintre, illustrateur, scénographe et sculpteur. Invité en France et à l’étranger par diverses fondations, Musées ou FRAC (Fonds Régional d’Art Contemporain), son travail dit la place de l’Homme dans notre monde à travers son corps, sa chair et ses désirs, la nature et les animaux qu’il côtoie ou imagine à ses côtés.

Ses recherches se concentrent sur différents axes : les rapports de sa propre pratique d’artiste-plasticien avec la littérature d’hier et aujourd’hui (Sophocle, Ésope, Khayyam, Shakespeare, Michel-Ange, La Fontaine, Roscoe, Mallarmé, Apollinaire, mais aussi Adnan ou Macaigne) ; avec la musique, interprètes et compositeurs (Mozart, Satie, Greif, Forget, Gasparov, Bacri, Campo…) ; et arts de la scène (danse, opéra et théâtre comme les décors et costumes de l’opéra “Awatsihu” de Philippe Forget, scénographie du spectacle “Satie-Riez sans qu’on le sache” ; ou scénographies d’expositions avec le MAMVP, le Musée des Confluences de Lyon (décors et scénographie pour la “Fête de la Science”, “La danse des dieux” sur le Kerala et le Kathakali ou autres expositions comme “La nuit de la Fin du Monde”).

Site : www.etienne-yver.com

« L’art se doit d’explorer les valeurs d’une culture, les mettre en question. La nuit, si vous essayez de reconnaître une étoile, vous remarquerez que l’œil est souvent plus pénétrant lorsqu’il regarde à côté de ce qu’il cherche. De la même manière, l’art n’est pas une réponse à l’immédiateté : il réclame lenteur, attention, décalage et distanciation.

Mon travail actuel explore les représentations que l’être humain donne de son corps, et, plus encore, la façon dont il incarne, incorpore ses expériences, ses pensées: c’est ce que j’appelle sa chair. Cette recherche se nourrit de la délectation de l’échange, de l’amour que je porte à la vie, de la beauté de l’être humain dans son existence même, et de l’horreur, parfois, de ses actes.
Les autres expressions artistiques, poésie, danse, théâtre et musique, sont mes comparses, mes aides, mes compagnons de travail ; et c’est tout naturellement que je cherche à créer une conversation entre créateurs, construire des ponts pour relier ces îlots où, dans des langues différentes, on parle finalement de la même chose : l’humanité de l’homme .

J’ai ainsi la certitude que l’on peut, ensemble, changer les rapports humains en travaillant à partir de la beauté qui, même si elle ne revêt pas la même acception dans les différentes cultures, peut guérir, relier au lieu d’exclure : la saine violence de la beauté et son aspect cataclysmique doit provoquer chez les hommes un sursaut salutaire en leur faisant abandonner leurs représentations mentales sclérosées.

Pour cela, il faut amener le plus de monde à l’art. Et démocratiser n’est pas rompre la chaîne des initiés : c’est élargir le cercle pour réconcilier une société segmentée en deux mondes, celui des clercs qui réfléchiraient, et un second à qui serait dévolue l’unique tâche de se distraire et consommer, ou juste de survivre. » (Étienne Yver)