Guillaume Robin

Résumé

Le Néolithique ouest-européen (c. 5500-2500 avant notre ère) est marqué par l’émergence de tombes collectives monumentales formées d’un tumulus ou cairn, recouvrant une ou plusieurschambres mégalithiques, elles-mêmes construites à l’aide de grandes dalles de roche brut. Les dalles qui forment les parois de ces chambres sont parfois ornées de motifs gravés ou peints, dont les fonctions exactes sont débattues, mais que l’on s’accorde généralement à associeraux usages funéraires de ces espaces rituels. D’importantes campagnes de fouilles dans les années 1960-1990 ont permis d’explorer les parties inaccessibles d’imposants tumulus et d’exposer les surfaces cachées des grandes dalles structurelles. Ces interventions ont souvent révélé des décors plus anciens attestant ainsi de la présence de dalles en réemploi dans la construction de certaines tombes. Suite à ces découvertes, les spécialistes ont recherché le contexte d’origine de ces dalles ornées, et proposé parfois des hypothèses concernant les circonstances sociales de leur réemploi. Toutefois, les motivations idéologiques guidant les choix des constructeurs lors de la manipulation des dalles anciennes n’ont que rarement étéabordées. Cet article donne un aperçu des différents modes de réemploi de dalles ornées àtravers plusieurs exemples régionaux (Ouest de la France, Espagne, Irlande, Suisse). Il propose aussi de les mettre en relation avec différentes stratégies possibles, témoignant de perceptions et d’attitudes contrastées vis-à-vis de ces « dalles-objets », à la biographie singulière.