Anne Isla  et  Jean-Luc Poueyto,

Résumé

Les jeunes Manouches aiment écrire leurs noms, sous forme de graffiti, en des lieux qui leur sont chers. Le phénomène qui peut sembler banal comporte cependant un certain nombre de particularités qui méritent d’être étudiées. Entremêlés à d’autres, ces graffiti indiquent que l’espace dans lequel ils s’inscrivent, aires d’accueil, terrains vagues, bord de rivière, maison amie, etc. relèvent à leurs yeux d’un « commun » qui peut être symboliquement partagé parces jeunes mais également par leurs parents d’une manière aussi intense que discrète. Pourtant, le plus souvent, ces territoires ne leur appartiennent pas. En outre, leur rapport à la propriété et à l’appropriation est particulier, puisque la propriété foncière est très peu pratiquée parmi ces familles ; quand elle l’est, elle échappe comme tout ce qui leur appartient à une transmission intergénérationnelle.

A partir de ces constats, Anne Isla, économiste et Jean-Luc Poueyto, anthropologue, se proposent de réfléchir ensemble, sous la forme d’un véritable dialogue, à ce que peuvent sous-tendre ces inscriptions de graffiti en termes d’appropriation, de propriété mais aussi de commun, de territoire et de transmission.